Extraits :
Que le présent Testament que j’ai écrit pour être gardé respectueusement intact par mes successeurs les évêques de Reims, mes frères, soit aussi défendu, protégé partout envers et contre tous par mes très chers Fils les Rois de France par moi consacrés au Seigneur à leur baptême, par un don gratuit de Jésus-Christ et la grâce du Saint-Esprit.
Qu’en tout et toujours il garde la perpétuité de sa force et l’inviolabilité de sa durée, mais par égard seulement pour cette race royale qu’avec tous mes frères et coévêques de la Germanie, de la Gaule et la Neustrie, j’ai choisie délibérément pour régner jusqu’à la fin des temps, au sommet de la majesté royale pour l’honneur de la sainte Église et la défense des humbles.
Par égard pour cette race que j’ai baptisée, que j’ai reçue dans mes bras ruisselante des eaux du baptême ; cette race que j’ai marquée des sept dons du Saint-Esprit, que j’ai ointe de l’onction des rois, par le Saint Chrême du même Saint Esprit, j’ai ordonné ce qui suit :
Si un jour cette race royale que j’ai tant de fois consacrée au Seigneur, rendant le mal pour le bien, lui devenait hostile ; envahissait les églises, les détruisait, les dévastait : Que le coupable soit averti une première fois par tous les évêques réunis du diocèse de Reims ; une deuxième fois par les évêques réunis de Reims et de Trèves ; une troisième fois par un tribunal de trois ou quatre archevêques des Gaules.
Si après la septième monition, il persiste dans son crime, trêve à l’indulgence, place à la menace !
S’il est rebelle à tout, qu’il soit séparé du corps de l’Église, par la formule inspirée aux évêques par l’Esprit Saint ; parce qu’il a persécuté l’indigent, le pauvre au coeur contrit ; parce qu’il ne s’est pas souvenu de la miséricorde ; parce qu’il a aimé la malédiction, elle lui arrivera ; et, parce qu’il n’a point voulu de la bénédiction, elle s’éloignera.
Et tout ce que l’Église a l’habitude de chanter de Judas le traître et des mauvais évêques, que toutes les églises le chantent de ce roi infidèle, parce que le Seigneur a dit : » Tout ce que vous avez fait au plus petit des miens, c’est à moi que vous l’avez fait et tout ce que vous ne lui avez pas fait, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait. » Qu’à la malédiction finale on remplace seulement, comme il convient à la personne, le mot épiscopat, par le mot royauté ; que ses jours soient abrégés et qu’un autre reçoive sa royauté !
Si les archevêques de Reims, mes successeurs, négligent ce devoir que je leur prescris, qu’ils reçoivent pour eux la malédiction destinée au prince coupable : que leurs jours soient abrégés et qu’un autre occupe leur siège.
Si Notre-Seigneur Jésus-Christ daigne écouter les prières que je répands tous les jours en sa présence, spécialement pour la persévérance de cette race royale, suivant mes recommandations, dans le bon gouvernement de son royaume et le respect de la hiérarchie de la sainte Église de Dieu, qu’aux bénédictions de l’Esprit Saint déjà répandues sur la tête royale s’ajoute la plénitude des bénédictions divines !
Que de cette race sortent des rois et des empereurs qui, confirmés dans la vérité et la justice pour le présent et pour l’avenir suivant la volonté du Seigneur pour l’extension de sa sainte Église, puissent régner et augmenter tous les jours leur puissance et méritent ainsi de s’asseoir sur le trône de David dans la céleste Jérusalem où ils régneront éternellement avec le Seigneur.
Ainsi soit-il.
Ce testament signé du grand Évêque le fut également par six autres Évêques et d’autres Prêtres. Trois de ces Évêques sont réputés pour leur sainteté : saint Vedast, Évêque d’Arras, saint Médard, Évêque de Noyon, saint Loup, Évêque de Soissons. Ils le signèrent sous la formule suivante :
«X…. Évêque.
«Celui que mon Père Remy a maudit, je le maudis, celui qu’il a béni, je le bénis.
«Et j’ai signé».