« Tandis que les chefs (celtes) délibéraient, il arriva que jaillissant des ténèbres de la nuit un oiseau traversa la salle où ils étaient réunis. L’un des chefs alors prit la parole : la vie de l’homme, dit-il, est comme cet oiseau ; elle aussi traverse ce monde comme en courant, y trouve la lumière et la chaleur, mais d’où elle vient et où elle va nul ne le sait. Si donc la nouvelle religion (christianisme) apporte à ces questions une réponse, il nous faut l’accueillir. »
Histoire générale de la Bretagne et des Bretons, T.II, p.15
Les premiers à occuper l’Armorique ce sont les Celtes, avec leur panthéisme religieux et leurs druides. César dira d’eux que ce sont « les plus religieux des hommes », ouverts au mystère et à la gratuité du spirituel.
Ces Celtes seront progressivement assimilés par les Romains qui apporteront progressivement avec eux le christianisme. Mais « sise aux brumes du Ponant », l’Armorique devra attendre le Ve siècle pour connaitre ses premiers évêques. Ainsi à Nantes en 453 avec Desiderius, à Rennes en 461 avec Athenius et entre 461 et 491 à Vannes avec Saint Paterne.
Avec l’arrivée des Bretons aux Ve et Vie siècles, venant de Bretagne insulaire (les iles britanniques), la propagation de la foi catholique va prendre une autre envergure. Avec les Irlandais, le monachisme breton allait même refluer durant le VIIe siècle sur le continent, avec saint Colomban notamment. On parlera alors de christianisme celtique avec ses structures claniques et sa note monastique (avec ses abbayes-évêchés) qui s’importe en Armorique. On imaginera sans difficulté les heurts que cette nouvelle population religieuse provoquera lors de son établissement et de son action prosélyte. Toutefois ils sauront structurer le tissus paroissial qui reste, aujourd’hui encore, fondamentalement celui qu’ils ont crée. Ce sont les « Plou ». Dispersés parmi ces « Plou », les établissement monastiques, simples ermitages ou laures (petites communautés) prendront le nom de « Lan ». Plus tard apparaitront les « Loc » (lieu, endroit).
Dans la tradition populaire, parmi les innombrables saints dont les noms résonnent encore dans la toponymie bretonne, les 7 saint fondateurs de la foi chrétienne furent : saint Corentin à Quimper, saint Pol dans le Léon, saint Tugdual à Tréguier, saint Malo, saint Brieuc, saint Samson à Dol et saint Paterne à Vannes. Mis à part saint Paterne et saint Samson, rien n’est prouvé de cette tradition apparue au IXe siècle. De cette tradition sortira le Tro-Breiz (ou tour de Bretagne) qui relira les évêchés des saint fondateurs sur une distance de 600 km et qui sera parcouru par des foules immenses de fidèles pélerins.
La période carolingienne au IX et Xe siècles, aura un effet structurant sur l’organisation de la religion en Bretagne. En 831, Louis le Pieux, institue comme son « Missus » en Bretagne un authentique Breton, comte de Vannes, Nominoë. Signe et gage de sa fidélité, l’abbaye de Redon est fondée en 832.
A suivre…