Les Sacres des rois de France

Rémy de Bourbon Parme, Georges Bernage, Alexandre Loire, Ed. Heimdal, 1998.

Ce livre au tirage plutôt confidentiel, présente les sacres des rois de France. Leur histoire, les lieux, la cérémonie et toute la symbolique.

Le sacre des rois de France est plus qu’une cérémonie qui devint fastueuse au cours des siècles. Il est empreint d’une signification qui va au delà des apparences.

Du Baptême de Clovis au sacre de Charles X, les monarques français ont construit notre pays. Ce livre fait mieux connaitre non seulement le déroulement du sacre, mais surtout en explique la signification profonde pour mieux comprendre l’enracinement des générations qui se sont succédées au pouvoir.

De Saint-Denis à Saint-Remi et Reims, les rois ont suivi la route qui les menait au sacre. Sur leurs pas, on découvre ainsi les beautés et les secrets des lieux, les instruments du sacre et leur symbolique. Tout au long des siècles quelques personnages, religieux et laïcs ont marqué par leur action quatorze siècles d’histoire. Il faut savoir comment est née et s’est développée la France, car celui qui ne connait pas le passé, n’a pas doit au futur.

Baptême de Clovis.

Gravure, 19e siècle (Collection particulière).

Alors que Clovis était encore païen, Clothilde, sa pieuse épouse priait sans cesse pour obtenir sa conversion. Un jour, se voyant menacé par l’immense armée des Alamans, il fit vœu au Dieu qu’adorait sa femme de se convertir à lui, s’il lui accordait la victoire sur ses ennemis. Durant tout le temps de la bataille de Tolbiac qui se déroulait dans la plaine d’Alsace au pied du Franckenberg, la montagne des Francs, Clothilde, tout en haut de cette montagne, protégée dans l’enceinte du château du Franckenbourg, priait intensément. Dieu accorda la victoire à Clovis, de sorte qu’il se rendit auprès de saint Remi et demanda à être baptisé. 

Dans la nuit de Noël 496, à minuit, au jour anniversaire et à l’heure même de Sa naissance, le Christ lors de la naissance spirituelle de notre France et de nos Rois voulut, par un miracle éclatant, affirmer la mission divine de notre Pays et de la Race Royale de Mérovée, au moment même où saint Remi va proclamer cette mission au nom du Tout-Puissant, pour sanctionner solennellement les paroles divinement inspirées de Son ministre. 

Soudain, une lumière plus éclatante que le soleil inonde l’église. Le visage de l’évêque en est irradié. En même temps retentit une voix : « La paix soit avec vous ! C’est moi ! N’ayez point peur ! Persévérez en ma dilection ! »

Quand la voix eut parlé, une odeur céleste embauma l’atmosphère. Le roi, la reine et toute l’assistance épouvantés se jetèrent aux pieds de saint Remi qui les rassura et leur déclara que c’est le propre de Dieu d’étonner au commencement de ses visites et de réjouir à la fin.

Puis, soudain, illuminé par une vision d’avenir, la face rayonnante, l’œil en feu, le nouveau Moïse s’adressant directement à Clovis, chef du nouveau peuple de Dieu, lui tint le langage de l’ancien Moïse à l’ancien peuple de Dieu :

Apprenez, mon Fils, que le royaume de France est prédestiné par Dieu à la défense de l’Église romaine qui est la seule véritable Église du Christ… Ce royaume sera un jour grand entre tous les royaumes, il embrassera les limites de l’empire romain et il soumettra tous les peuples à son sceptre… Il durera jusqu’à la fin des temps. Il sera victorieux et prospère tant qu’il sera fidèle à la foi Romaine, mais il sera rudement châtié toutes les fois où il sera infidèle à sa vocation.

Le testament de Saint Remi.

Saint Remi baptisant Clovis.

Extraits :

Que le présent Testament que j’ai écrit pour être gardé respectueusement intact par mes successeurs les évêques de Reims, mes frères, soit aussi défendu, protégé partout envers et contre tous par mes très chers Fils les Rois de France par moi consacrés au Seigneur à leur baptême, par un don gratuit de Jésus-Christ et la grâce du Saint-Esprit.

Qu’en tout et toujours il garde la perpétuité de sa force et l’inviolabilité de sa durée, mais par égard seulement pour cette race royale qu’avec tous mes frères et coévêques de la Germanie, de la Gaule et la Neustrie, j’ai choisie délibérément pour régner jusqu’à la fin des temps, au sommet de la majesté royale pour l’honneur de la sainte Église et la défense des humbles. 

Par égard pour cette race que j’ai baptisée, que j’ai reçue dans mes bras ruisselante des eaux du baptême ; cette race que j’ai marquée des sept dons du Saint-Esprit, que j’ai ointe de l’onction des rois, par le Saint Chrême du même Saint Esprit, j’ai ordonné ce qui suit :

Si un jour cette race royale que j’ai tant de fois consacrée au Seigneur, rendant le mal pour le bien, lui devenait hostile ; envahissait les églises, les détruisait, les dévastait : Que le coupable soit averti une première fois par tous les évêques réunis du diocèse de Reims ; une deuxième fois par les évêques réunis de Reims et de Trèves ; une troisième fois par un tribunal de trois ou quatre archevêques des Gaules. 

Si après la septième monition, il persiste dans son crime, trêve à l’indulgence, place à la menace !

S’il est rebelle à tout, qu’il soit séparé du corps de l’Église, par la formule inspirée aux évêques par l’Esprit Saint ; parce qu’il a persécuté l’indigent, le pauvre au coeur contrit ; parce qu’il ne s’est pas souvenu de la miséricorde ; parce qu’il a aimé la malédiction, elle lui arrivera ; et, parce qu’il n’a point voulu de la bénédiction, elle s’éloignera.

Et tout ce que l’Église a l’habitude de chanter de Judas le traître et des mauvais évêques, que toutes les églises le chantent de ce roi infidèle, parce que le Seigneur a dit :  » Tout ce que vous avez fait au plus petit des miens, c’est à moi que vous l’avez fait et tout ce que vous ne lui avez pas fait, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait.  » Qu’à la malédiction finale on remplace seulement, comme il convient à la personne, le mot épiscopat, par le mot royauté ; que ses jours soient abrégés et qu’un autre reçoive sa royauté !

Si les archevêques de Reims, mes successeurs, négligent ce devoir que je leur prescris, qu’ils reçoivent pour eux la malédiction destinée au prince coupable : que leurs jours soient abrégés et qu’un autre occupe leur siège.

Si Notre-Seigneur Jésus-Christ daigne écouter les prières que je répands tous les jours en sa présence, spécialement pour la persévérance de cette race royale, suivant mes recommandations, dans le bon gouvernement de son royaume et le respect de la hiérarchie de la sainte Église de Dieu, qu’aux bénédictions de l’Esprit Saint déjà répandues sur la tête royale s’ajoute la plénitude des bénédictions divines !

Que de cette race sortent des rois et des empereurs qui, confirmés dans la vérité et la justice pour le présent et pour l’avenir suivant la volonté du Seigneur pour l’extension de sa sainte Église, puissent régner et augmenter tous les jours leur puissance et méritent ainsi de s’asseoir sur le trône de David dans la céleste Jérusalem où ils régneront éternellement avec le Seigneur.

Ainsi soit-il.

Ce testament signé du grand Évêque le fut également par six autres Évêques et d’autres Prêtres. Trois de ces Évêques sont réputés pour leur sainteté : saint Vedast, Évêque d’Arras, saint Médard, Évêque de Noyon, saint Loup, Évêque de Soissons. Ils le signèrent sous la formule suivante :
«X…. Évêque.
«Celui que mon Père Remy a maudit, je le maudis, celui qu’il a béni, je le bénis.
«Et j’ai signé».

Tombeau de saint Remi. Basilique St Remi de Reims.